Le baptême du raidard

Ce matin pas grand monde sur la place. Lorsque Gaël arrive il croise un vttiste inconnu répondant au prénom de Daniel et… c’est tout. Le temps de se présenter, David arrive. Après s’être rappelé que bon nombre de vttistes skient à Châtel, David et Gaël décident de faire découvrir leurs sentiers habituels à Daniel.
 
Il a gelé la nuit, et la température est encore négative. Cela les avantage puisque la couche de boue superficielle est gelée. Le terrain est un peu lourd mais ça roule toujours mieux que dans le gras.
 
Ils emmènent Daniel à Montbouton, puis direction Saint Dizier. Daniel s’accroche et suit bien, un bon point. Mais on sait que souvent ce sont les fins de parcours qui sont difficiles, alors ils en gardent sous la pédale. Il ne faudrait pas dégoûter une nouvelle recrue potentielle.
 
A Villars le Sec, Gaël ne peut résister au plaisir de leur faire emprunter la montée depuis la rue de la Fond. Le terrain est désolant, les engins ont débardé et le sol est labouré. Le gel leur permet de progresser malgré tout, lorsque Daniel se prend les pneus dans une ornière et va au tapis. David s’en inquiète et l’aide, Gaël continue son chemin, histoire de ne pas perdre pied pour la fin qui est raide. Un chemin massacré qu’il sera désormais difficile d’emprunter les périodes de pluie, autrement dit entre le 01 janvier et le 31 décembre. C’est l’occasion d’une petite photo souvenir devant un panorama magnifique des Vosges enneigées…
 
Le temps continue sa longue érosion du passage des pas du diable, et il devient délicat de passer au pas: on lâche alors les freins… puis 1ère à gauche direction Lebetain pour ensuite revenir sur le chemin descendant à Boncourt. Gaz dans le single, mais toujours avec prudence. On doit avoir l’air affolé car un jogger nous demande si il y a des chasseurs là d’où on vient. A peine ralentis par une coupe puis l’arbre en travers au niveau du pont, ils poursuivent en terre Helvète jusqu’au point bas.
 
10h30, c’est encore un peu tôt. Gaël propose le Mont Renaud, mais David ne semble pas emballé, alors Gaël en bon padawan de Bruno leur sort une petite variante via la route du Coteau et le chemin Réchésat, ce qui les amène devant la chaîne prévenant que derrière il y a une propriété privée. Il s’en moquent car ils prennent à gauche vers Delle. A cet instant le terrain change, la couche de boue refait surface, les sols portent les traces du lessivage au Saint Marc qu’ils ont reçu. A force de plouf, de plaf et de glissades ils arrivent au bord de la voie ferrée. Le souvenir d’une rencontre magique émeut Gaël, mais David le ramène très vite à la réalité en lui parlant de poissons. Ah quand on aime la pêche!
 
David est un Dellois. Si. Ce qui ne l’a pas empêché d’émigrer à Beaucourt. Il connaît les ruelles comme sa poche et les mène au travers d’un dédale aboutissant à un endroit dont il a le secret: un cours d’eau tranquille et poissonneux. Mais chut, c’est un secret.
 
Sur le sentier du retour vers Fêche l’Eglise, David opte pour la droite, un sentier qui d’habitude est détrempé, voir transformé en ruisseau. Il en porte encore les stigmates. S’en suivent des successions de changement de direction, jusqu’à l’arrêt pour une pause tardive mais méritée. Ils encouragent tous les arbres à pousser puis se restaurent légèrement. David a l’eau à la bouche, il ne pense qu’à son cabillaud cuit à l’eau accompagné de sa fondue de poireaux qui l’attendent pour déjeuner. Du coup il décide de finir sa barre de céréales.
 
A Fesches David propose d’aller honorer la femme du chef, mais Gaël considère qu’ils n’ont pas le temps car il reste encore 2-3 trucs à régler. Le premier c’est face à l’Intermarché. Oui on vous l’a dit et redit: N’EN-ME-NEZ-PAS-GA-EL-LA-BAS. C’est comme un toc, pire une drogue, un appel irrésistible: quand il voit le raidard, il ne pense qu’à le monter. David essaye bien d‘y échapper, mais l’obnubilé n’y résiste pas et leur promet un chemin facile, faut gérer l’effort, y’a que quelques mètres un peu plus difficiles, allez on est des vttistes. Et hop, les voilà embarqués.
 
En temps normal, le raidard avec sa pente qui s’accentue à la fin n’est pas facile. Mais lorsque le haut a été labouré par les engins de débardage, il devient carrément difficile. On pourrait être rassuré en se disant que personne n’a monté jusqu’au bout. Mais non. Car chaque échec augmente l’addiction de Gaël pour cette colline. Et déjà il se revoit la gravir tel un sommet inviolable et tueur de l’Himalaya…
 
2-3 virages plus loin, voici venir le dernier obstacle à la libération: le 2ème raidard. Plus court celui-ci n’en est pas moins vicelard avec sa courbe, son  dévers, ses cailloux polis (Bonjour Monsieur), ses racines et ses feuilles mortes masquant le tout. Avant de l’attaquer, Gaël lance à Daniel l’ultime défi: « si tu le passes à vélo, tu es admis au club ». Encore un défi à la con. De ceux qui en ont vu finir dans les fourrés. Mais Daniel, malgré sa fatigue, montre là des qualités compatibles avec celles du club, s’accroche comme il peut, appuie sur les pédales et passe l’obstacle. Il faut savoir son oeil brillant, sa truffe humide, et sa queue… non pas sa queue. Bref il est vigoureusement félicité, la graine est plantée, le terreau arrosé, voici un vttiste que l’on devrait revoir!
 
41km, 820m
 
20180204