Mercredi 25: en route
Départ à 7h00 d’Abbevillers coffre à bloc, vélos sur la remorque. Ambiance chaude malgré la température Franc-Comtoise automnale. A 12h30 la pause repas se fait un peu avant Orange et Lionel en bon éclaireur inaugure la série des gaffes du séjour en ouvrant le hayon : tout dégringole.
Sur la route Daniel diffuse un documentaire Suisse Romand sur la préservation du Lynx « T’cheu c’te panthère », qui ne les quittera pas de tout le séjour. Témoin de la bonne ambiance, le mot doux que Thierry glisse à la fin de chaque phrase et qui finit par « ard ».
Pour passer le temps Jeff leur fait découvrir sa play list en boucle.
15H00 arrivée à l’Auxineill, lieu-dit proche de Castelnou, en Pyrénées Orientales (66). Après un déchargement rapide auquel certains sont physiologiquement habitués, tout le monde s’habille pour une première reconnaissance du terrain.
La t° de 24° laisse rêveur, il fait même chaud. Les sentiers sont secs, rocailleux et poussiéreux. Gaël dessèche de ne pas pouvoir tremper ses crampons dans une flaque de boue. Thierry a déjà installé son équipement de vidéaste professionnel : support sur le cintre et sous la selle. C’est notre Nicolas Hulot parti pour nous faire les plus belles aventures dignes d’un Ushuaia de la grande époque.
Après une petite mise en jambe sympathique, Jef nous amène devant les points caractéristiques de la région : les marches. Pas celles des escaliers pour aller siffler les bouteilles à la cave, mais bien celles de sentiers d’enduro. Les sourires disparaissent, les bruits cessent : tout le monde est concentré devant l’obstacle. Chacun essaye de passer, mais c’est Michel qui donne le plus de sa personne, enfin surtout de son épiderme.
Retour au gîte après seulement 15 km mais déjà 500m D+ pour un repos bien mérité et surtout déguster les excellents plats préparés à l’avance par un Jef cordon bleu et organisateur sans faille. Tout le monde le sait, les repas c’est l’occasion de raconter ses vacances: l’un d’entre nous explique sa dernière visite au zoo, notamment lorsqu’il amena sa femme voir le gorille.
Pour la nuit la répartition se fait selon affinités : au gîte Bruno et Thierry partagent la couche à en faire péter les plafonds, Daniel et Michel sont dans le salon, Philippe ronfle seul dans sa chambre. Les 3 autres sont très généreusement hébergés par les Ramon, Jef sur la mezzanine, Lionel et Gaël dans leur alcôve nuptiale.
Jeudi 26: priez pour eux
Après avoir fait le tour de la mezzanine et du centre-ville de Thuir en attendant l’ouverture des premiers commerces, Jeff revient avec le pain pour nourrir ses petits. Tout le monde a bien dormi et ils partagent la confiture sur les tartines de beurre salé.
C’est parti pour une belle journée de VTT. Au programme le circuit de la rando du club VTT de Thuir qui s’est déroulée le WE précédent. Après une nuit passée à charger les traces sur GPS, Jef les emmène tâter du terrain.
La première étape est Castelnou, village médiéval entièrement restauré, fier de son château fort transformé en étape touristique. Puis direction le roc de Majorque (prononcer « jo » et pas « yo ») pour un point de vue sublime. En résumé on part de 150m d’altitude pour monter à 600m, mais tout le temps. On est en moyenne montagne et c’est une succession de longues montées, descente techniques et chemins slalomant à flanc de coteau. On ne va jamais bien vite car les traces sont étroites et empierrées. La prudence est de mise.
Les paysages sont somptueux : la végétation est basse et le regard porte loin. Basse mais solide : effleurer un arbuste avec le guidon et c’est la chute assurée. Le guidon bloque puis tourne, ce qui envoie Michel au tapis dans une descente, laissant encore un morceau de lui.
Ils tournent autour de Sant Marti de la Roca, chapelle esseulée sur un mont dénudé, s’en éloignant puis s’en approchant sans jamais l’atteindre. Enfin la chapelle s’offre à eux. Mais il va falloir prouver sa passion car la pente aussi est dure et longue pour atteindre ce lieu virginal. Après un ultime effort tout le monde atteint la belle et profite alors d’un point de vue exceptionnel sur la région. Lionel envisage de se convertir en moine et d’y couler le restant de ses RTT, un livre du philosophe Musso entre les mains.
Partout autour les montagnes s’affichent. Il est l’heure de redescendre, comme à l’habitude en serrant les fesses : d’abord pour tenir la selle, ensuite car pentes et pierres ne pardonnent aucune erreur. Après quelques hésitations chacun se lance avec plus ou moins de réussite, mais tout le monde passe. Le retour est l’occasion d’améliorer sa technique : une marche à franchir à la sortie d’un village et les plumes des coqs se redressent, les ergots s’arment. C’est à qui passera ce fichu caillou. 2 techniques s’affrontent : puissance (Jef) et équilibre (Bruno). Derrière les autres se cassent les dents en d’improbables figures. Après moult tentatives Thierry perce pourtant la défense rocheuse et monte sur le podium.
Retour au gîte plus vite que prévu en milieu d’après-midi en raison d’un problème de navigation finalement bienvenu pour cette première étape de 37 km 1300 m D+. Encore une fois c’est l’organisation sans faille de Jef qui ébloui les participants qui peuvent se rassasier avec un repas digne déjà prêt des meilleures tables. Après cette pause ils reprennent les montures pour un petit tour digestif qui les conduit via le circuit de la TRJV locale à Thuir pour un apéro bien mérité.
Le soir chacun raconte ses aventures mais c’est Michel qui remporte la palme avec l’exposition de ses cicatrices : avant-bras, fesses, rien ne manque!
Vendredi 27: bande de bras cassés
Tout le monde se retrouve en même temps à la table du petit déjeuner pour déguster des petites spécialités de pains additionnées de pépites de chocolat ou de fruits rouges. Au programme une boucle d’une petite trentaine de km. Après quelques blagues du GPS mal réveillé qui leur indique ne pas être sur la trace, ils arrivent à démarrer. Les matins sont un peu frais mais vite réchauffés par un soleil généreux. La première partie de la boucle consiste en une longue ascension d’un chemin blanc qui contourne Castelnou. C’est l’occasion d’une pose photo. Le groupe est très organisé : plutôt que de faire 1 ou 2 photos de groupe qu’ils se partagent ensuite, chacun demande aux photographes d’immortaliser le moment avec son propre téléphone.
La longue ascension se poursuit, et Daniel et Thierry se tirent la bourre devant. Jef décide de les rattraper et passe en mode poursuite. Derrière : Gaël, Philippe, Bruno, Lionel et Michel montent chacun à leur rythme. Enfin le sommet arrive et c’est l’occasion d’une pause méritée. Tout le monde a ses petites habitudes : Thierry, certainement sous l’influence d’une nouvelle religion des Pneuhen-Ho, retourne son vélo, le petit Poucet se décide à retirer les cailloux de son sac à dos, et Philippe se met à slalomer sous l’emprise de vertiges pseudo-éthyliques. Après une dizaine de minutes d’observation sous l’œil bienveillant du médecin et de l’infirmier prenant chacun le pouls du malade, ils repartent et heureusement car en roulant il va mieux.
La trace GPS empruntant chemin blanc et route goudronnée est assez peu intéressante. Ils font bien une ou deux tentatives pour s’écarter mais sans réel succès. Ils profitent des arbousiers en fruits pour se régaler. C’est alors qu’au détour d’un virage et d’une pause physiologique, certains font remarquer des marques de peinture vers un sentier qui quitte le chemin principal. Après un rapide échange, ils embarquent dans ce qui va se révéler être une véritable spéciale d’enduro et s’éclatent comme des fous dans les virages, pierriers et racines. Devant les plus téméraires se régalent, mais c’est Daniel qui remporte la palme avec un magnifique combo digne de Mortal Kombat : roulé, jeté, épaulé de VTT en criant « je gère, je gère » !!! Ils rentrent heureux de cette finale pour se restaurer encore sur les exceptionnelles lasagnes de Jef. Avant de repartir, une surprise les attend : sous les effets conjugués de la tramontane Dole et du mistral Ballet, le plafond de l’alcôve des 2 forces de la nature s’est effondré.
Après une remise en état sommaire du plafond, l’après-midi repart pour une petite sortie technique. Au programme passages techniques et marches. Le terrain est franchement agressif : la pierre est découpée en feuilles et pointe comme des couteaux. Pas droit à l’erreur. C’est pourtant ce qui se produit après la dernière difficulté : un pierrier raide en dévers avec un virage en bas. Tellement concentré sur le pierrier, Gaël loupe son virage et fonce dans un arbre. Il tend le bras pour se retenir au moment de l’impact et se luxe l’épaule droite avec le choc. Il descend du vélo et demande à Daniel de la lui remettre mais finalement ils attendent sagement l’arrivée 1 minute plus tard de Michel. Après lui avoir demandé sa carte Vitale, Michel l’asculte puis le fait s’allonger. Un silence de mort règne autour de la victime qui s’attend à vivre une expérience douloureuse. Derrière, Lionel lui tient la tête, prêt à le bâillonner pour étouffer ses cris. A sa gauche, Thierry lui tient la main, prêt à lui déboiter l’autre épaule. En face Philippe assure Michel qui, pied dans l’aisselle du blessé, se lance dans une rotation-traction qui libère les ligaments hyper-tendus et l’épaule reprend sa place dans un « clac » libérateur et même pas douloureux. Après cette démonstration de médecine d’urgence en environnement hostile, tout le monde souffle et ils repartent pour finir le single, sauf Gaël qui finit soulagé à pied et en poussant son vélo. Afin d’éviter une fatigue inutile Jef est parti cherché le minibus au gîte qui n’est qu’à 500m.
Après une dernière auscultation de Gaël au gîte et une prescription chimique, tout le monde se lave car ils ont prévu la visite de la cave BYRRH, fierté historique de Thuir. Ensuite ils filent à Ille-sur-Tet pour la rencontre d’un artisan local : Caminade, artisan du vélo made in France. Embarquant le jeune Jordy Ramon, c’est Daniel qui fait les frais de ce voyageur supplémentaire et finit à la place du chien.
Samedi 28: touristes
Après le traditionnel petit-déjeuner, agrémenté d’œufs brouillés aux lardons, le groupe allégé de son fardeau nordiste part pour une matinée enduro avec Jordy et David Ramon, nouveau président du VTT Club de Thuir. De son côté Gaël décide d’aller marcher vers le joli petit village de Camélas afin de prendre le temps d’observer les détails qu’ils n’ont pas vu en passant à vélo.
Voir passer un athlète comme Jordy sur ses terrains d’entrainement est bluffant. Là où nous enroulons les difficultés pour essayer de passer sans trop de mal, Jordy saute d’appui en appui, vole au-dessus du terrain et passe plus fort, plus vite et avec moins de risques. La classe. Bruno ne peut rester de marbre et se lance à son tour dans les passages raides : au début il fait bien rire surtout lorsque sous la caméra de Jef il embrasse les buissons, mais c’est mal le connaître et il remonte sur sa monture pour montrer avec brio qui est le patron.
Ils profitent tout de même pour s’arrêter auprès d’un chantier de rénovation d’une chapelle ancienne, mais Daniel n’arrive pas à refourguer du béton pour les aider à finir.
Le groupe rentre peu après Gaël et c’est reparti pour un repas de sportifs du dimanche : bières, pasta et pinard. A la fin Thierry explique la différence entre un lave-vaisselle et un homme marié.
34km 1200m D+
L’après-midi, Lionel, dont la fourche ressemble à un amortisseur de 205 GTi Jacky Tunning, Michel, Philippe et Gaël prennent la direction de Collioure pour une petite escapade touristique, alors que Jef emmène les 3 autres à nouveau à la chapelle Santa Roca pour les entrainer dans LA descente. Spéciale d’enduro très cassante, ce chemin spécialement réalisé n’est fait que de pierres coupantes, marches et pente vertigineuse. Un beau morceau de bravoure pour nos 4 joyeux lurons alors que les autres touristes profitent d’une bière devant la plage Pyrénéenne.
En rentrant ils trouvent les 2 c.. dans l’Abribus.
Le soir tout le monde se retrouve pour une boîte chaude chez les Ramon, ravis pour l’occasion de déguster les spécialités Franc-Comtoises. L’alcool Roussillon aidant, les paris les plus fous émergent comme des vapeurs et quelques un organisent une course à pied avant le départ du lendemain.
Dimanche 29: c’est déjà l’heure de rentrer
Le lendemain les petites mines ont remplacé les promesses et personne n’est sorti courir. Ils terminent les restes du frigo dans une improbable omelette aux œufs (!) et parmesan. Ou plutôt l’inverse. Le remballage aidant on pourrait croire que le WE se termine là, mais c’est sans compter les efforts que met en place le douanier Thierry, à la recherche de colis suspects, pour vider complètement le coffre que Gaël s’est appliqué à ranger méticuleusement.
Passé Macon ils prennent conscience du WE de rêve qu’ils viennent de vivre alors que les essuie-glaces balayent le pare-brise. Les SMS de leurs épouses annonçant pluie et t° froides n’étaient donc pas des canulars. Chacun pense alors aux retrouvailles parfaitement platoniques avec l’élue de son cœur assise à l’attendre au coin du feu, à lui raconter ses exploits et à l’écouter tendrement lui expliquer sa joie qu’il en ait ainsi profité, le tout débarrassé de toutes pensées indécentes.
Un grand merci à Jef pour ce WE parfait, de la météo aux paysages et terrains extra en passant par la nourriture et l’assistance médicale incluse. 20/20 !!!